Lectures gourmandes
La toute jeune Lalla a pour ancêtres les "hommes bleus"; guerriers du désert de Rio de Oro, chassés et traqués du Sud au Nord par les conquérants français puis impitoyablement massacrés.
Mais le sang des "hommes bleus" a survécu en Lalla. La vie de la petite Maure dans un bidonville d'une grande cité proche de la mer, est constamment doublée, dominée par l'épopée chantante, obstinée, orgueilleuse que la race les maîtres d'autrefois avaient cru vaincre.
Lalla, enfant du désert, est fasciné par l'apparition d'un mystérieux "homme bleu", qu'elle nomme Es Er, c'est-à-dire "le secret". Aussi la puissance de la nature et des légendes, son amour pour le Hartani, un jeune berger muet qui lui fait découvrir son corps, ensuite une évasion manquée vers "leur" désert, avant l'exil à Marseille dans un quartier misérable où ses frères immigrés végètent, tout cela ne peut que durcir son âme lumineuse. Car Lalla a beau travailler dans un hôtel sordide, être enceinte du Hartani, devenir une cover-girl célèbre grâce à un photographe de mode ébloui par sa beauté, rien n'éteindra au coeur de la jeune femme sa foi religieuse et sa passion pour le désert. Un jour, elle y retournera toute seule, en rescapée de l'enfer des hommes.
Un enfant arrive en hiver dans une région de haute montagne. Parisien il découvre la neige pour la première fois. Un décor impensé, impensable se dresse devant lui, cerné de pics et de glaciers qui par instant se dessinent dans l'épaisseur du brouillard.
Là-haut, la nature règne en maître au rythme des saisons, ces cycles immuables au cours desquels des hommes et des femmes, des gosses, aux vies modestes mais d'une humanité décuplée par le sens et la nécessité de leurs tâches, vont partager leur monde avec ce citadin ébahi.
"Body and Soul", 1993
A New York, dans les années quarante, un enfant enfermé dans un sous-sol regarde les chaussures des passants. Pauvre, sans autre protection que celle de sa mère excentrique, Claude Rawlings semble destiné à demeurer spectateur d'un monde inaccessible. Mais dans la chambre du fond, enseveli sous une montagne de vieux papiers, se trouve un petit piano désaccordé. En déchiffrant les secrets de son clavier, Claude va se découvrir lui-même : il est musicien.
Ce livre est l'histoire d'un homme dont la vie est transfigurée par un don. Son voyage, jalonné de mille rencontres, amitiés, amours, le conduira dans les salons des puissants, jusqu'à Carnegie Hall....
La musique, évidemment, est au centre du livre-musique classique, grave et morale, mais aussi la pulsation "irrésistible du jazz". Autour d'elle, en une fresque foisonnante de personnages, Frank Conroy brosse le tableau fascinant, drôle, pittoresque et parfois cruel d'un New York en pleine mutation.
En rentrant de sa librairie, Kaspar — un autoportrait déguisé de Schlinck, comme souvent ? — découvre dans la baignoire de leur appartement le cadavre de Birgit, l’épouse aimée. S’est-elle suicidée ?
A la mort de son épouse, Kaspar découvre un pan de sa vie qu’il avait toujours ignoré : avant de quitter la RDA pour passer à l’Ouest en 1965, Birgit avait abandonné un bébé à la naissance. Intrigué, Kaspar ferme sa librairie à Berlin et part à la recherche de cette belle-fille inconnue (...)
Voyage au cœur d’une Allemagne méconnue, où règnent encore de sinistres fantômes à l’ombre des défuntes idéologies marxistes : La Petite-Fille est une passionnante et dérangeante odyssée politique. Bernhard Schlink alerte, raconte sans caricaturer. Car, pour Kaspar le libraire, la littérature, la poésie, les mots, la lecture peuvent ouvrir l’âme et l’esprit, libérer. Sauver peut-être...
La Petite-Fille est surtout une éblouissante histoire d’amour, de réparation, de deuil accompli. Et qui élève constamment, au fil de ces pages écrites au plus serré, au plus douloureux. Car il n’y est question que d’aimer l’autre jusqu’au bout de son insupportable, de son indéchiffrable altérité.
Dans le Caire des années 1980, un jeune médecin suit un destin tracé pour lui. Entre son dispensaire et le prestigieux cabinet hérité de son père, Tarek n'a que peu de place pour se poser des questions. Mais la rencontre d'un être que tout semble éloigner de lui ébranlera son mariage, sa carrière et ses certitudes, ne lui laissant plus d'autre choix que l'exil.
De la communauté levantine d'Egypte aux hivers montréalais, du règne de Nasser jusqu'à l'aube des années 2000, Tarek fuit, erre et se souvient. Mais sait-il qu'à plusieurs milliers de kilomètres, quelqu'un raccommode les lambeaux de son histoire et tente de remonter, chapitre par chapitre, le cours de sa vie ?
Récit d'une absence et d'une réconciliation. Ce que je sais de toi brosse avec délicatesse, humour et sensibilité le portrait d'un clan déchiré et d'une société en pleine transformation. Ce premier roman d'Eric Chacour révèle un auteur à la langue ciselée, à l'esprit lumineux, habité par une compréhension profonde de la nature humaine. Un livre qui embaume l'ail, l'anis et les secrets de famille.
Si nous étions en Iran, cette salle d'attente d'hôpital ressemblerait à un caravansérail, songe Kimiâ. Un joyeux foutoir où s'enchaînerait bavardages, confidences et anecdotes en cascade.
Née à Téhéran, exilée à Paris depuis ses dix ans, Kimiâ a toujours essayé de tenir à distance son pays, sa culture, sa famille. Mais les djinns échappés du passé la rattrapent pour faire défiler l'étourdissant diaporama de l'histoire des Sadr sur trois générations : les tribulations des ancêtres, une décennie de révolution politique, les chemins de traverse de l'adolescence, l'ivresse du rock, le sourire voyou d'une bassiste blonde...
Une fresque flamboyante sur la mémoire et l'identité ; un grand roman sur l'Iran d'hier et la France d'aujourd'hui.
Le fils, c’est André. La mère, c’est Gabrielle. Le père est inconnu.
André est élevé par Hélène, la sœur de Gabrielle, et son mari. Il grandit au milieu de ses cousines. Chaque été, il retrouve Gabrielle qui vient passer ses vacances en famille.
Entre Figeac, dans le Lot, Chanterelle ou Aurillac, dans le Cantal, et Paris, Histoire du fils sonde le cœur d’une famille, ses bonheurs ordinaires et ses vertiges les plus profonds, ceux qui creusent des galeries dans les vies, sous les silences;
.Avec ce nouveau roman, Marie-Hélène Lafon confirme la place si particulière qu’elle occupe aujourd’hui dans le paysage littéraire français.
«La porte du voyage sans retour» est le surnom donné à l’île de Gorée, d’où sont partis des millions d’Africains au temps de la traite des Noirs.
C’est dans ce qui est en 1750 une concession française qu’un jeune homme débarque, venu au Sénégal pour étudier la flore locale. Botaniste, il caresse le rêve d’établir une encyclopédie universelle du vivant, en un siècle où l’heure est aux Lumières. Lorsqu’il a vent de l’histoire d’une jeune Africaine promise à l’esclavage et qui serait parvenue à s’évader, trouvant refuge quelque part aux confins de la terre sénégalaise, son voyage et son destin basculent dans la quête obstinée de cette femme perdue qui a laissé derrière elle mille pistes et autant de légendes.
S’inspirant de la figure de Michel Adanson, naturaliste français (1727-1806), David Diop signe un roman éblouissant, évocation puissante d’un royaume où la parole est reine, odyssée bouleversante de deux êtres qui ne cessent de se rejoindre, de s’aimer et de se perdre, transmission d’un héritage d’un père à sa fille, destinataire ultime des carnets qui relatent ce voyage caché.
Décembre 2017, banlieue de Lyon. Samuel Vidouble retrouve sa famille maternelle le temps d’un dîner de Hanoukkah haut en tohu-bohu et récits bariolés de leur Algérie, de la prise de Constantine en 1837 à l’exode de 1962. En regardant se consumer les bougies du chandelier, seul objet casé dans la petite valise de Mamie Baya à son arrivée en France et sujet de nombreux fantasmes du roman familial – il aurait appartenu à la Kahina, une reine juive berbère –, il décide de faire le voyage, et s’envole pour Constantine. Il espère aussi retrouver Djamila, qu’il a connue à Paris, la nuit des attentats, et qui est partie faire la Révolution pour en finir avec l’Algérie de Bouteflika.
Passé et présent s’entrelacent au long de ses errances dans les rues de Constantine, aussi bien qu’à Guelma et Annaba, retrouvant les lieux où sa grand-mère s’est mariée, où son grand-père s’est suicidé, où sa mère est née, où sa tante s’est embarquée pour Marseille. De retour en France, il ne cesse d’interroger les femmes de sa famille, celles à qui revient d’allumer les neuf bougies, pour élucider le mystère du chandelier.Au fil de leurs souvenirs, il comprend ce qui le lie à l’Algérie et ce qui lie toutes ces générations de femmes que l’histoire aurait effacées s’il n’y avait des romans pour les venger. Derrière les identités multiples, légendaires, réelles ou revendiquées – passé berbère, religion juive, langue arabe, citoyenneté française –, c’est l’appartenance à une communauté géographique qui se dessine : le vrai pays de ces Orientales, c’est la Méditerranée, la Méditerranée des exilés d’hier et d’aujourd’hui, la Méditerranée d’Homère et d’Albert Cohen, d’Ibn Khaldun et d’Albert Camus.
Dans la Barcelone de l'après-guerre civile, "ville des prodiges" marquée par la défaite, la vie est difficile, les haines rôdent toujours.
Un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon -Daniel Sempere, le narrateur - dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés.
L'enfant, qui rêve toujours de sa mère morte, est ainsi convié par son père, modeste boutiquier de livres d'occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y "adopter" un volume parmi des centaines de milliers.
Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l'entraîner dans un labyrinthe d'aventures et de secrets enterrés dans l'âme de la ville : L'Ombre du Vent.
Avec ce tableau historique, roman d'apprentissage évoquant les émois de l'adolescence, récit fantastique dans la pure tradition du Fantôme de l'Opéra ou du Maître et Marguerite, énigme où les mystères s'emboîtent comme des poupées russes, Carlos Ruiz Zafon mêle inextricablement la littérature et la vie.
"Si tu étais si attaché à ta carte d'ouvrier, c'est sans doute parce que tu étais un homme sans titre. Toi qui es né dépossédé, de tout titre de propriété comme de citoyenneté, tu n'auras connu que des titres de transport et de résidence.
Le titre en latin veut dire l'inscription. Et si tu étais bien inscrit quelque part en tout petit, ce n'était hélas que pour t'effacer. Tu as figuré sur l'interminable liste des hommes à broyer au travail, comme tant d'autres avant toi à malaxer dans les tranchées."
En lisant "Misère de la Kabylie", reportage publié par Camus en 1939, Xavier Le Clerc découvre dans quelles conditions de dénuement son père a grandi. L'auteur retrace le parcours de cet homme courageux, si longtemps absent et mutique, arrivé d'Algérie en 1962, embauché comme manoeuvre à la Société métallurgique de Normandie. Ce témoignage captivant est un cri de révolte contre l'injustice et la misère organisée, mais il laisse aussi entendre une voix apaisée qui invite à réfléchir sur les notions d'identité et d'intégration.
Frasquita Carasco a dans son village du sud de l'Espagne une réputation de magicienne, ou de sorcière. Ses dons se transmettent aux vêtements qu'elle coud, aux objets qu'elle brode : les fleurs de tissu créées pour une robe de mariée sont tellement vivantes qu'elles faneront sous le regard jaloux des villageoises, un éventail reproduit avec une telle perfection les ailes d'un papillon qu'il s'envolera par la fenêtre : le cœur de soie qu'elle cache sous le vêtement de la Madone menée en procession semble palpiter miraculeusement...
Frasquita a été jouée et perdue par son mari lors d'un combat de coqs. Réprouvée par le village pour cet adultère, la voilà condamnée à l'errance à travers l'Andalousie que les révoltes paysannes mettent à feu et à sang, suivie de ses marmots eux aussi pourvus - ou accablés - de dons surnaturels...
Le roman fait alterner les passages lyriques et les anecdotes cocasses ou cruelles. Le merveilleux ici n'est jamais forcé : il s'inscrit naturellement dans le cycle tragique de la vie.
Anton Torvath est tzigane et dresseur de chevaux. Né au coeur de la steppe kirghize peu après la Première Guerre mondiale, il grandit au sein d'un cirque, entouré d'un clan bigarré de jongleurs, de trapézistes et de dompteurs. Ce "fils du vent" va traverser la première moitié du "siècle des génocides", devenant à la fois témoin de la folie des hommes et mémoire d'un peuple sans mémoire. Accompagné de Jag, l'homme au violon, de Simon, le médecin philosophe, ou de la mystérieuse Yadia, ex-officier de l'Armée rouge, Anton va voyager dans une Europe où le bruit des bottes écrase tout. Sauf le souffle du vent.
A la fois épopée et récit intime, Avant que le monde ne se ferme est un premier roman à l'écriture ample et poétique. Alain Mascaro s'empare du folklore et de la sagesse tziganes comme pour mieux mettre à nu la barbarie du monde.i
Paris, 1916.
Sophie Lefèvre doit prendre soin de sa famille alors que son mari part pour le front. Quand la ville tombe entre les mains de l’armée allemande, au milieu de la Première Guerre mondiale, Sophie est contrainte de faire le service tous les soirs à l’hôtel où réside la Wehrmacht. À l’instant où le nouveau commandant découvre le portrait qu’Édouard a fait de sa femme, cette image l’obsède. Une dangereuse obsession qui menace la réputation, la famille et la vie de Sophie, et va la conduire à prendre une terrible décision.
Un siècle plus tard, à Londres, Liv Halston reçoit ce portrait en cadeau de la part de son mari avant de recueillir son dernier soupir. Sa vie est bouleversée de plus belle lorsqu’une rencontre fortuite lui permet de découvrir la véritable histoire de ce tableau.
« La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. L’écriture n’y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire.La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j’ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l’ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence.
Le livre, peut-être, ne serait rien d’autre que ça, le récit de cette quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi vers elle, hésitant et inabouti. »
Dans cette enquête éblouissante au cœur de la mémoire familiale, où les souvenirs les plus lumineux côtoient les secrets les plus enfouis, ce sont toutes nos vies, nos failles et nos propres blessures que Delphine de Vigan déroule avec force.
C'est une journée ordinaire à Jérusalem, un attentat moyen : un kamikaze dans un café, six morts, deux jours d'info à la télévision. Oui, depuis trois ans, l'horreur est devenue routine, et la Ville sainte va tout droit en enfer. Tal, elle, ne s'habitue pas. Elle aime trop sa ville et la vie. Elle veut mourir très, très vieille et très, très sage. Un jour, en plein cours de biologie, une ampoule s'allume au-dessus de sa tête, comme dans un dessin animé. Voilà des jours qu'elle écrit ce qu'elle a sur le coeur, ses souvenirs, la fois où elle a vu ses parents pleurer de joie, le jour de la signature des accords de paix entre Israéliens et Palestiniens, et puis la désillusion, la révolte, la terreur, et l'espoir quand même.
Ce qu'elle pense, ce qu'elle écrit, quelqu'un doit le lire. Quelqu'un d'en face. Elle l'imagine déjà, cette amie-ennemie inconnue aux cheveux noirs. Eytan, le frère de Tal, fait son service militaire à Gaza. Elle glisse ses feuillets dans une bouteille et la lui confie...
"Quel que soit notre destin, il habite les montagnes au-dessus de nos têtes."
Pietro est un enfant de la ville. L’été de ses onze ans, ses parents louent une maison à Grana, au cœur du val d’Aoste. Là-bas, il se lie d’amitié avec Bruno, un vacher de son âge. Tous deux parcourent inlassablement les alpages, forêts et chemins escarpés. Dans cette nature sauvage, le garçon découvre également une autre facette de son père qui, d’habitude taciturne et colérique, devient attentionné et se révèle un montagnard passionné.
Vingt ans plus tard, le jeune homme reviendra à Grana pour y trouver refuge et tenter de se réconcilier avec son passé.
Mai 2016.
La juge Alma Revel doit se prononcer sur le sort d'un jeune homme suspecté d'avoir rejoint l'État islamique en Syrie.
À ce dilemme professionnel s'en ajoute un autre, plus intime : mariée, Alma entretient une liaison avec l'avocat qui représente le mis en examen. Entre raison et déraison, ses choix risquent de bouleverser sa vie et celle du pays...
Karine Tuil nous entraîne dans le quotidien de juges d'instruction antiterroristes, au cœur de l'âme humaine, dont les replis les plus sombres n'empêchent ni l'espoir ni la beauté.
La maison de la rue Santo Domingo à Santiago du Chili, cachée derrière ses trois citronniers, a accueilli plusieurs générations de la famille des Lonsonier. Arrivé des coteaux du Jura avec un pied de vigne dans une poche et quelques francs dans l'autre, le patriarche y a pris racine à la fin du XIXe siècle. Son fils Lazare, de retour de l'enfer des tranchées, l'habitera avec son épouse Thérèse, et construira dans leur jardin la plus belle des volières andines. C'est là que naîtront les rêves d'envol de leur fille Margot, pionnière de l'aviation, et qu'elle s'unira à un étrange soldat surgi du passé pour donner naissance à Ilario Da, le révolutionnaire.
Relizane, pendant la guerre d'Algérie. Lorsqu'en pleine nuit, on frappe à la porte, Marcel, le grand-père d'Olivia Elkaïm, craint pour sa vie et celles de sa femme et de leurs deux enfants. On lui enfile une cagoule sur la tête, il est jeté dans un camoin et emmené dans le désert.
Va-t-il être condamné à mort ou gracié ?
Il revient sain et sauf à Relizane trois jours plus tard, et ses proches se demandent quel est le secret de ce sauf-conduit. A quoi a-t-il collaboré ? Quels gages a-t-il donné et à qui ?
Viviane, son épouse, ses frères, sa mère, ses voisins, tous questionnent le tailleur juif. Mais il garde le slence. Quand un jeune apprenti arabe se présente devant son échoppe, Marcel comprend que tôt ou tard, il lui faudra quitter son pays natal.
Hôtel Lutétia - Un exil allemand à Paris de Will Jasper
De 1933 à 1939, l'hôtel Lutétia a été le lieu d'accueil et de rencontres des émigrés allemands, le "Comité Lutétia y tenait ses réunions. Des personnalités aussi différentes que Heinrich Mann et Klaus Mann, Lion Feuchtwanger, Arnold Zweig, Max Horkheimer, Willi Münzenberg, Walter Ulbricht et Willy Brand s'y croisèrent.
L'hôtel a été le théâtre de controverses et fractures : communistes, sociaux-démocrates et libéraux s'y affrontèrent vivement. Les stratégies d'un "front populaire" européen y furent élaborées. Des intellectuels allemands indépendants y débattirent d'une "autre" Allemagne. Bouleversés par la guerre d'Espagne, la terreur stalinienne et le nazisme allemand, ils y discutèrent d'un humanisme militant, d'un renouveau et des hommes politiques.
De 1940 à 1944, le Lutétia devient le siège de l'Amiral Canaris et de ses services contre-espionnage. Après la libération de Paris, l'hôtel accueillit les rescapés des camps de concentration.
A travers un pan oublié de l'histoire allemande, ce livre rigoureux éclaire aussi les tensions des relations culturelles franco-allemandes et aborde la question -toujours d'actualité- de la relation des intellectuels au pouvoir politique.
Hôtel Lutétia de Pierre Assouline
Tapi dans les recoins les plus secrets du Lutetia, un homme voit l'Europe s'enfoncer dans la guerre mondiale. Edouard Kiefer, Alsacien, ancien flic des RG. Détective chargé de la sécurité de l'hôtel et de ses clients. Discret et intouchable, nul ne sait ce qu'il pense. Dans un Paris vaincu, occupé, humilié, aux heures les plus sombres de la collaboration, cet homme est hanté par une question : jusqu'où peut-on aller sans trahir sa conscience? De 1938 à 1945, l'hôtel Lutetia - l'unique palace de la rive gauche - partage le destin de la France. Entre ses murs se succèdent exilés, écrivains et artistes, puis officiers nazis et trafiquants du marché noir, pour laisser place enfin à la cohorte des déportés de retour des camps. En accordant précision biographique et souffle romanesque, Pierre Assouline redonne vie à la légende perdue du grand hôtel, avec un art du clair-obscur qui convient mieux que tout autre au mythique Lutetia.
1952. Zohar Zohar, expulsé et fugitif, arrive en Europe.
Né pauvre dans le misérable quartier juif du vieux Caire, l'enfant chéri de Haret el-Yaoud, la ruelle aux juifs, le jeune homme flamboyant, dont les clubs et bars attirent la haute société cairote, débarque sans famille, sans amis, sans un sou. Seul l'accompagne le fantôme de Dieter Boehm, son tortionnaire nazi. Zohar fuit un pays à feu et à sang, une société malade à l'image de son roi, Farouk, ramolli de luxure et détesté par son peuple, une société nécrosée par la montée des Frères musulmans, l'infiltration des anciens nazis dans l'armée égyptienne, les pogroms contre les juifs et la rébellion conduite puissant Gamal Abd el-Nasser.
En France, son obsession va se lier à celle d'Aaron, Lucien et Paulette, trio soudé dans l'envie d'en découdre avec le passé qui les hante. Contre les bourreaux de leur passé, un même procédé : deux balles dans la tête, la première pour la vengeance, la seconde pour la signature.
Nous précéderons les futurs voyageurs du séjour en Grèce avec ce beau récit de Sylvain Tesson. Ceux qui le souhaitent pourront à loisir relire l’IIiade et l’Odyssée !
Un été avec Homère – Sylvain Tesson
«Au long de l’Iliade et de l’Odyssée chatoient la lumière, l’adhésion au monde, la tendresse pour les bêtes, les forêts en un mot, la douceur de la vie. N’entendez-vous pas la musique des ressacs en ouvrant ces deux livres ? Certes, le choc des armes la recouvre parfois. Mais elle revient toujours, cette chanson d’amour adressée à notre part de vie sur la terre. Homère est le musicien. Nous vivons dans l’écho de la symphonie ».
Homère continue de nous aider à vivre.
Pour écrire «Un été avec Homère», Sylvain Tesson s’est retiré sur une île des Cyclades, au bord de la Egée, dans la lumière, l’écume et le vent. «Nous sommes les enfants de notre paysage", écrivait Lawrence Durell.
Zorba le Grec – Nikos Kazantzakis
C’est d’abord un nez, écrasé à la fenêtre. Puis c’est un corps, une bourrasque. Sage et bavard, oraculaire et chaleureux, coureur de jupons et faiseur de soupes, tel est Alexis Zorba, l'homme au baluchon. Son goût est sûr, son désir insatiable, son savoir instinctif : "une nature".
Le jour se lève sur le Pirée.Dans le café enfumé, patiente un jeune intellectuel. Bientôt, le bateau pour la Crète appareillera. C'est sur cette terre solaire et misérable qu'il compte se frotter à la vie, cette vie qu'on n'apprend pas dans les livres....Et voilà que déboule, avant même le début du voyage, le mentor attendu, bon génie frondeur, philosophe déboutonné : leur amitié sera fulgurante. A l'heure où la civilisation radote, où l'idéologie gangrène l'intelligence, la voix d'Alexis Zorba et de celles qui crient dans le désert, mais monte haut, très haut, vers le ciel.....
En cette fin des années 1940, sous les pales des ventilateurs de l’Automobile Club du Caire, l’Égypte des pachas et des monarques flirte avec aristocrates et diplomates de tout poil, pour peu qu’ils soient européens. Régulièrement, Sa Majesté le roi honore de son éminente présence la table de poker. Extravagance, magnificence et décadence qui s’arrêtent aux portes des salons lambrissés. Dans les communs, une armada de serveurs et d’employés venus de Haute-Égypte et de Nubie s’escriment à satisfaire les exigences de l’inflexible El-Kwo, le chambellan du roi. L’esclave du monarque est aussi le chef suprême des employés de tous les palais royaux, qui régente dans ses moindres détails leur misérable existence et se délecte à professer l’art de la soumission.
Parmi ses “sujets” : Abdelaziz Hamam, descendant d’une puissante famille ruinée, venu au Caire dans l’espoir d’assurer l’éducation de sa progéniture. À suivre les chemins contrastés qu’empruntent ses enfants, on découvre les derniers soubresauts de l’Égypte pré-nassérienne : morgue des classes dominantes, dénuement extrême des laissés-pour-compte, éveil du sentiment nationaliste. De toute part l’édifice se lézarde, et dans le microcosme de l’Automobile Club, où le visage noir charbon d’un domestique ajoute une touche d’élégance au décorum, frémissent les temps futurs et l’explosion révolutionnaire qui va embraser le pays.
Par amour pour une courtisane, le médecin égyptien Sinouhé s'est vendu comme esclave. Il va vivre une odyssée à mi-chemin des mythes et de la réalité. Médecin, mais aussi espion pour le compte du pharaon Aménophis IV, il ira de Thèbes à Babylone, et aussi chez les mystérieux Hittites et chez les Crétois soumis au Minotaure.
Prodigieux roman d'aventures qui nous initie à la politique, à la religion et aux sciences du quatorzième siècle avant Jésus-Christ, le chef-d'oeuvre du grand écrivain finlandais Mika Waltari invite aussi à réfléchir sur l'homme d'aujourd'hui, le plaisir, la liberté, le pouvoir, la violence, l'injustice et tout ce qui fait notre destin.
Ce conte noir raconte l’histoire de Rose, petite fille de 14 ans, vendue par son père qui n’avait pas l’argent nécessaire pour nourrir ses quatre filles. Franck Bouysse nous raconte le parcours de cette petite fille, qui devient fille, puis femme et mère avant l’heure. Elle connaîtra la violence du grand méchant ogre qui l’a acheté, la sournoiserie de la vieille sorcière, la reine-mère, qui engloutit Rose dans sa méchanceté. C’est aussi une histoire d’amour qui sauvera l’esprit fort et intelligent de Rose. Elle voudra écrire, peut-être pour ne jamais être lue, mais parce qu’écrire, c’est poser des mots sur sa souffrance.
Dans un petit village abandonné de la "zone grise", coincé entre armée ukrainienne et séparatistes pro-russes, vivent deux laissés-pour compte : Sergueïtch et Pachka. Ennemis d'enfance, désormais seuls habitants de ce no man's land, ils sont obligés de coopérer pour ne pas sombrer. Et cela, malgré des points de vue divergents vis-à-vis du conflit. Sergueïtch sympathise avec un soldat ukrainien qui lui rend des visites furtives ; Pachka fréquente en cachette ses "protecteurs russes" pour se procurer des denrées alimentaires.
"Deux ans avant qu’il ne quitte la maison, mon père dit à ma mère que j’étais très laide."
Giovanna, fille unique d’un couple de professeurs, vit une enfance heureuse dans les hauteurs de Naples. L’année de ses douze ans, elle surprend une conversation dans laquelle son père la compare à Vittoria, une tante à la réputation maléfique. Bouleversée par ce rapprochement aussi dévalorisant qu’inattendu, Giovanna va chercher à en savoir plus sur cette femme. En fouillant l’appartement, elle déniche de rares photos de jeunesse sur lesquelles son père se tient aux côtés d’une personne mystérieusement recouverte de feutre noir.
Elle décide alors d’aller à la rencontre de cette Zia Vittoria habitant les quartiers pauvres de Naples. Dans cette partie de la ville qui lui était inconnue, l’adolescente découvre un autre univers social, une façon d’être plus spontanée. Incitée par sa tante à ouvrir les yeux sur les mensonges et les hypocrisies qui régissent la vie de ses parents, elle voit bientôt tout le vernis du monde des adultes se craqueler. Entre grandes espérances et cuisantes désillusions, Giovanna cherche sa voie en explorant les deux visages de la ville, comme deux aspects de son identité qu’elle tente de concilier.
Une histoire d’amour magnifique, celle d’un jeune homme pour une femme d’âge mûr qui éclaire et modifie son regard sur le sens de la vie. Un livre où la littérature, premier amour de ce garçon, devient vitale. Car dans une ville où règne l’effroi, seul l’imaginaire sauve de l’enfermement…
Ce livre vient d'être récompensé par le prix Fémina étranger.
Une figure géométrique au nombre infini de côtés.
En son cœur, deux pères.
Un palestinien, un israélien, tous deux victimes du conflit, qui tentent de survivre après la mort de leurs filles. Abir Aramin, 1997-2007. Smadar Elhanan, 1983-1997. Il y a le choc, le chagrin, les souvenirs, le deuil. Et puis l’envie de sauver des vies.
Ensemble, ils créent l’association « Combattants for Peace » et parcourent le globe en racontant leur histoire pour susciter le dialogue.
Et un nombre infini de côtés.
Toutes les facettes d’un conflit, qui est à la fois historique, politique, philosophique, religieux, musical, cinématographique, géographique. Une tragédie infinie qui happe le lecteur, l’absorbe, lui donne une responsabilité et l’engage à comprendre, à échanger, pour entrevoir un nouveau futur. Une tentative d’apaisement.
PALESTINE, 1990. Isra, 17 ans, préfère lire en cachette et s’évader dans les méandres de son imagination plutôt que de s’essayer à séduire les prétendants que son père a choisis pour elle. Mais ses rêves de liberté tournent court : avant même son dix-huitième anniversaire, la jeune fille est mariée et forcée de s’installer à Brooklyn, où vivent son époux et sa nouvelle famille.
La tête encore pleine de chimères adolescentes, Isra espère trouver aux États-Unis une vie meilleure mais déchante vite : les femmes sont cloitrées à la maison, avec les enfants ; les maris, peu loquaces, travaillent jour et nuit. Invisible aux yeux du monde, la jeune fille autrefois rêveuse disparaît peu à peu face à la tyrannie de sa belle-mère et la pression étouffante de devoir donner naissance à un fils. Mais comble du déshonneur, Isra ne met au monde que des filles, dont la fougueuse Deya…
BROOKLYN, 2008. Deya, 18 ans, est en âge d’être mariée…..
Janina Doucheyko vit seule dans un petit hameau au cœur des Sudètes. Ingénieur à la retraite, elle se passionne pour la nature, l'astrologie et l'œuvre de William Blake. Un matin, elle retrouve un de ses voisins mort dans sa cuisine, étouffé par un petit os. C'est le début d'une longue série de crimes mystérieux sur les lieux desquels on retrouve des traces animales. La police enquête. Les victimes avaient toutes pour la chasse une passion dévorante. Quand Janina Doucheyko s'efforce d'exposer sa théorie sur la question, tout le monde la prend pour une folle... Car comment imaginer qu'il puisse s'agir d'une vengeance des animaux ?
Manuel Mena a dix-neuf ans quand il est mortellement atteint, en 1938, en pleine bataille, sur les rives de l'Ebre. Le vaillant sous-lieutenant, par son sacrifice, fera désormais figure de martyr au sein de la famille maternelle de Cercas et dans le village d'Estrémadure où il a grandi.
La mémoire familiale honore et transmet son souvenir alors que surviennent des temps plus démocratiques, où la gloire et la honte changent de camp. Demeure cette parenté profondément encombrante, dans la conscience de l'écrivain : ce tout jeune aïeul phalangiste dont la fin est digne de celle d'Achille, chantée par Homère - mais Achille dans l'Odyssée se lamentera de n'être plus que le "monarque des ombres" et enviera Ulysse d'avoir sagement regagné ses pénates.
Que fut vraiment la vie de Manuel Mena, quelles furent ses convictions, ses illusions, comment en rendre compte, retrouver des témoins, interroger ce destin et cette époque en toute probité, les raconter sans franchir la frontière qui sépare la vérité de la fiction ?
Chaque année, à la mi-carême, se tient un très étrange Bal des Folles. Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires.
Réparti sur deux salles – d’un côté les idiotes et les épileptiques ; de l’autre les hystériques, les folles et les maniaques – ce bal est en réalité l’une des dernières expérimentations de Charcot, désireux de faire des malades de la Salpêtrière des femmes comme les autres. Parmi elles, Eugénie, Louise et Geneviève, dont Victoria Mas retrace le parcours heurté, dans ce premier roman qui met à nu la condition féminine au XIXe siècle.
Hizya est une jeune femme comme les autres, tellement comme les autres! Ce qui se confirme – si besoin en était – à l’écoute des confidences entendues dans le salon de coiffure où elle a finalement trouvé du travail, malgré son diplôme d’interprète de la fac d’Alger. Toujours chez ses parents, sous l’œil attentif de ses frères, elle rêve à une vie de liberté et à un grand amour… comme au cinéma!
C’est cette réalité qu’Hizya nous révèle, la sienne, celle du quotidien de la société algérienne, celle de la désespérance d’une jeunesse qui suffoque dans un pays immobile. Elle nous raconte l’être femme aujourd’hui et là-bas, alors que sa vie d’adulte se construit.
À travers de somptueuses fulgurances poétiques, Maïssa Bey se jette tout entière dans la bataille: puissent toutes les Hizya – d’Algérie et du monde – s’appuyer sur elle, sa force, sa liberté!
Ce roman se présente comme le journal du maître d’œuvre qui, au douzième siècle, édifia en Provence l’abbaye du Thoronet, exemple d’architecture cistercienne. Jour après jour, nous voyons ce moine constructeur aux prises avec la faiblesse des hommes et l’inertie des choses, harcelé par les éléments contraires, et plus encore, par ses propres contradictions. La vie d’un chantier médiéval, les problèmes techniques, financiers ou doctrinaux que posait sa bonne marche, les solutions d’une étonnante modernité qui leur furent données apparaissent ici bien peu conformes à ce Moyen-Âge de convention dont l’image encombre souvent nos mémoires.
Cependant, cette vivante chronique de la naissance d'un chef-d'œuvre, appuyée à la fois sur des recherches historiques originales et sur une longue expérience du métier de bâtisseur, est aussi une réflexion passionnée sur les rapports du beau et du nécessaire, de l'ordre humain et de l'ordre naturel. Et elle est encore une méditation lyrique sur l'Ordre en lequel tous les ordres ont leur place, et sur cet art qui rassemble tous les autres : l'architecture.
Ute Von Ebert, dernière héritière d’un puissant empire industriel, habite à Erlingen, fief cossu de la haute bourgeoisie allemande. Sa fille Hannah, vingt-six ans, vit à Londres. Dans des lettres au ton très libre et souvent sarcastique, Ute lui raconte la vie dans Erlingen assiégée par un ennemi dont on ignore à peu près tout et qu’elle appelle «les Serviteurs», car ils ont décidé de faire de la soumission à leur dieu la loi unique de l’humanité. La population attend fiévreusement un train qui doit l’évacuer. Mais le train du salut n’arrive pas.
Et si cette histoire était le fruit d’un esprit fantasque et inquiet, qui observe les ravages de la propagation d’une foi sectaire dans les démocraties fatiguées'
De 2012 à 2016, la banlieue rebelle de Daraya a subi un siège implacable imposé par Damas. Quatre années de descente aux enfers, rythmées par les bombardements au baril d'explosifs, les attaques au gaz chimique, la soumission par la faim. Face à la violence du régime de Bachar al-Assad, une quarantaine de jeunes révolutionnaires syriens a fait le pari insolite d'exhumer des milliers d'ouvrages ensevelis sous les ruines pour les rassembler dans une bibliothèque clandestine, calfeutrée dans un sous-sol de la ville.
Leur résistance par les livres est une allégorie : celle du refus absolu de toute forme de domination politique ou religieuse. Elle incarne cette troisième voix, entre Damas et Daech, née des manifestations pacifiques du début du soulèvement anti-Assad de 2011, que la guerre menace aujourd'hui d'étouffer. Ce récit, fruit d'une correspondance menée par Skype entre une journaliste française et ces activistes insoumis, est un hymne à la liberté individuelle, à la tolérance et au pouvoir de la littérature.
« Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants » de Mathias Enard (prix Goncourt des lycéens 2010)
En débarquant à Constantinople le 13 mai 1506, Michel-Ange sait qu'il brave la puissance et la colère de Jules II, pape guerrier et mauvais payeur, dont il a laissé en chantier l'édification du tombeau, à Rome. Mais comment ne pas répondre à l'invitation du sultan Bajazet qui lui propose, après avoir refusé les plans de Léonard de Vinci, de concevoir un pont sur la Corne d'Or ? Ainsi commence ce roman, tout en frôlements historiques, qui s'empare d'un fait exact pour déployer les mystères de ce voyage.
A travers la chronique de ces quelques semaines oubliées de l'Histoire, Mathias Enard esquisse une géographie politique dont les hésitations sont toujours aussi sensibles cinq siècles plus tard.
Pour conforter notre approche avec ce pays qui suscite tant de remous politiques et diplomatiques, nous poursuivrons notre lecture avec :
« Mon nom est rouge » d’ Orhan Pamuk
Istanbul, en cet hiver 1591, est sous la neige. Mais un cadavre, le crâne fracassé, nous parle depuis le puits où il a été jeté. Il connaît son assassin, de même que les raisons du meurtre dont il a été victime : un complot contre l'Empire ottoman, saculture, ses traditions et sa peinture. Car les miniaturistes de l'atelier du Sultan, dont il faisait partie, sont chargés d'illustrer un livre à la manière italienne..
Mon nom est rouge , roman polyphonique et foisonnant, nous plonge dans l’univers fascinant de l’Empire ottoman de la fin du XVIe siècle …
Une subtile réflexion sur la confrontation entre Occident et Orient …
En 2018, Sylvain Tesson est invité par le photographe animalier Vincent Munier à observer aux confins du Tibet les derniers spécimens de la panthère des neiges. Ces animaux discrets et très craintifs vivent sur un gigantesque plateau culminant à 5 000 m d'altitude, le Changtang. Situé au Tibet septentrional et occidental, il s'étend sur environ 1 600 km, du Ladakh à la province du Qinghai, et il est habité par les nomades Changpas.
L'équipe atterrit à Pékin, puis prend la route à bord d'un 4X4 en direction du Tibet. Au fil des jours le convoi s'achemine vers des panoramas de plus en plus grandioses et déserts : là où la population recule, la faune avance et se déploie, protégée des effets nocifs de la civilisation.
Sylvain Tesson décrit une sorte de savane africaine qui serait perchée à 4 000 mètres d'altitude, où l'on croise des troupeaux d'antilopes, des chèvres bleues, des hordes de yacks qui traversent de vastes étendues herbeuses où s'élèvent des dunes.
L'amour peut-il grandir là où la haine a été semée ?
Jaffa, Palestine, 1948. Salim attend impatiemment le jour de ses huit ans. Enfin, il va pouvoir accompagner son père pour la cueillette des oranges, symbole du passage à l'âge adulte. Mais il n'aura jamais cette joie : la guerre israélo-arabe débute et sa famille est obligée de fuir en laissant derrière elle la maison et les orangers.
Sunderland, Angleterre, 1959. Judit, douze ans, doit préparer sa bat-mitsvah. Elle voudrait pourtant oublier son prénom trop connoté, le poids écrasant du passé familial hanté par les pogroms russes et les camps allemands, et se jette à corps perdu dans la natation.
Londres, swinging sixties. Lorsque leurs chemins se croisent, Judit et Salim tombent follement amoureux. Comment réussir à imposer leur histoire? Parviendront-ils à faire fi du poids du passé et à surmonter les embûches qui les attendent ?
Récemment libéré de prison, Lamont Wiiliams entame une période probatoire au service d'entretien du Memorial Sloan-Kettering Cancer Center à New York. Le succès de cette réinsertion est crucial pour lui : c'est son unique espoir de retrouver un jour sa petite fille, dont sa malchance récurrente avec la justice lui a fait perdre la trace.
Quelques kilomètres plus loin, uptown, Adam Zignelik, professeur d'histoire à Columbia, subit simultanément l'effondrement de sa carrière (il est sur le point d'être renvoyé de l'Université) et de son couple (Diana, l'amour de sa vie, le quitte). Alors qu'il est en pleine dépression, il découvre, oubliés dans la poussière d'un sous-sol depuis des décennies, des enregistrements inconnus, d'une portée historique considérable : les tout premiers témoignages sonores de survivants de l'Holocauste ; ces voix que le monde entier doit entendre pourraient à la fois sauver sa carrière et son couple...
L'histoire du village de Shen, dans la province du Jiangsu, ainsi que celle de ses habitants : Qingguan, le maçon, Tongshou, le charpentier ou encore Xiaomei, la femme rebelle.
Délicatement imprégné de Tao et de Confucianisme, croisant sans cesse la grande Histoire qui a bouleversé la Chine au XXe siècle et l’histoire individuelle, Le village en cendres dresse le portrait surprenant d’un pays de contradictions et l’invitation à découvrir un auteur, très populaire en Chine, traduit pour la première fois en français.
Pour ces Lectures de rentrée, un retour sur les romans prévus au printemps et que nous n'avons pas pu évoquer ensemble :
« Un mirage finlandais » de Kjell Westö
« Rendez-vous à Positano » de Goliarda Sapienza
« La Fille du Fossoyeur » de Joyce Carol Oates
« La mémoire des embruns » de Karel Viggers
Mary est âgée, sa santé se dégrade. Elle décide de passer ses derniers jours à Bruny, île de Tasmanie balayée par les vents où elle a vécu ses plus belles années auprès de son mari, le gardien du phare. Les retrouvailles avec la terre aimée prennent des allures de pèlerinage. Entre souvenirs et regrets, Mary retourne sur les lieux de son ancienne vie pour tenter de réparer ses erreurs.
Entourée de Tom, le seul de ses enfants à comprendre sa démarche, un homme solitaire depuis son retour d'Antarctique et le divorce qui l'a détruit, elle veut trouver la paix avant de mourir. Mais le secret qui l'a hantée durant des décennies menace d'être révélé et de mettre en péril son fragile équilibre…….
En 1936, les Schwart, une famille d'émigrants fuyant désespérément l'Allemagne nazie, échouent dans une petite ville du nord de l'État de New York où le père, Jacob, un ancien professeur de lycée, ne se voit offrir qu'un travail de fossoyeur-gardien de cimetière. Un quotidien fait d'humiliations, de pauvreté et de frustrations va les pousser à une épouvantable tragédie dont Rebecca, la benjamine des trois enfants, sera le témoin.
Ainsi débute l'étonnante vie à multiples rebonds de Rebecca Schwart : après avoir épousé Niles Tignor, un homme abusif et dangereux, elle doit fuir pour protéger son petit garçon, et tenter de se reconstruire. Les villes, les métiers, les hommes défilent, jusqu'à sa rencontre avec Chet Gallagher, promesse d'un bonheur enfin possible……
Rendez-vous à Positano est un roman d’amour, un texte dédié à une femme et un lieu. Dans l’après-guerre, Goliarda Sapienza découvre un modeste village hors du temps, niché tout près de Naples : Positano. Elle y fait la connaissance d’Erica, une jeune femme qui allait devenir pendant près d'une vingtaine d'années une sœur d’âme. Longtemps après la disparition de son amie, en 1985, l’écrivaine décide de revenir sur cette histoire pour sauver de l’oubli ce qui fut balayé par le destin…...
Le Club du mercredi avait commencé, des gloussements virils lui parvinrent dès qu'elle monta l'escalier en pierre.Matilda distingua la voix de Thune, celle de Grönroos, et d'autres aussi. Elle s e figea. Matilda est une sténodactylo hors pair. Elle travaille à Helsinki pour l'avocat Claes Thune. Ce soir de mars 1938, le Club du mercredi, un groupe de gentlemen qui se retrouvent chaque mois pour refaire le monde, est réuni dans le cabinet de son patron. Soudain, Matilda reconnaît la voix d'un homme qu'elle aurait préféré oublier? La vengeance n'est-elle pas un plat qui se mange froid ?Kjell Westö signe un remarquable roman à suspense avec, en toile de fond, une Finlande méconnue, écartelée entre l'Union soviétique et l'Allemagne.
Journaliste littéraire à Libération et chroniqueur à Charlie Hebdo, Philippe Lançon s’est trouvé confronté de plein fouet à la violence, immergé de plain-pied, au matin du 7 janvier 2015, lorsque deux hommes vêtus de noir et lourdement armés ont fait irruption dans les locaux parisiens de l’hebdomadaire satirique, tirant à vue sur les hommes et les femmes présents . L’attentat dura deux,trois minutes, douze personnes furent tuées. Gravement blessé aux bras et au visage, Philippe Lançon fut littéralement relevé d’entre les morts….
« Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates » d’Annie Barrows
Janvier 1946. Tandis que Londres se relève douloureusement de la guerre, Juliet, jeune écrivain, cherche un sujet pour son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d'un inconnu, natif de l'île de Guernesey, va le lui fournir ? Au fil de ses échanges avec son nouveau correspondant, Juliet pénètre un monde insoupçonné, délicieusement excentrique ; celui d'un club de lecture au nom étrange inventé pour tromper l'occupant allemand : le « Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates ». De lettre en lettre, Juliet découvre l'histoire d'une petite communauté débordante de charme, d'humour, d'humanité. Et puis vient le jour où, à son tour, elle se rend à Guernesey…
« Vous plaisantez,Monsieur Tanner » de Jean-Paul Dubois
Ce roman n’est peut-être pas le meilleur de cet écrivain qui vient de recevoir le prix Goncourt pour son livre « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon » mais il aura le mérite de nous faire sourire . Vous pouvez vous faire plaisir en lisant « Une vie française »
Paul Tanner, documentariste animalier, menait une existence paisible avant d'hériter de la maison familiale. Décidé à la restaurer de fond en comble, il entreprend des travaux. Tandis qu'il s'échine sur les sols, les corps de métier défilent. Maçons déments, couvreurs délinquants, électriciens fous... tous semblent s'être donné le mot pour lui rendre la vie impossible.Récit véridique d'un chantier, chronique d'un douloureux combat, galerie de portraits terriblement humains, Vous plaisantez, monsieur Tanner se lit comme une comédie. Une comédie menée par un narrateur qui ressemble fort à son auteur.
3 avril 1789. Il s’appelle David. Il a vingt ans et vit à Carpentras dans un des quatre ghettos (carrièros) — Carpentras, Cavaillon, l’Isle-sur-la Sorgue — du Comtat Venaissin, et Avignon, possessions des papes en terre de France depuis cinq cents ans. Les membres de ces quatre communautés, nommés plus couramment « Juifs du Pape », sont astreints, entre autres humiliations, à porter un chapeau jaune afin qu’on ne les confonde pas avec les chrétiens. La Révolution française est en marche, mais le Comtat, ainsi qu’Avignon, dépendent de Rome et les lois ne sont pas régies par la France.
Quoique « protégés » par la papauté (autorisation de pratiquer leur culte dans les carrièros, s’autogérer en partie, se pourvoir en justice en cas d’agression par des chrétiens), David et les siens vont-ils continuer à subir, dans ce cloaque pestilentiel de la rue de la Muse, les lois iniques érigées au fil des siècles contre « le peuple déicide » ?
Les devoirs de David envers sa famille seront-ils plus forts que son désir de fuir en Amérique ? Succombera-t-il à l’amour de Marie, la jeune chrétienne, malgré la loi qui punit sévèrement les amours entre Juifs et chrétiens ? Choisira-t-il la vie des nantis de Versailles opportunément offerte par le biais de son oncle franc-maçon, ou bien retournera-t-il dans son ghetto étudier avec son grand-père, la Kabbale et l’Alchimie ?
Enfin, David participera-t-il à la guerre fratricide entre Avignon et Carpentras, l’une se réclamant de la France révolutionnaire, l’autre de son attachement à Rome ?Et qu’adviendra-t-il du tristement célèbre chapeau jaune ?
Récit épique dont la construction s’apparente au scénario d’un film, « Les Chapeaux jaunes du Pape » entraîne le lecteur dans un univers où vérité et personnages historiques se mêlent au suspense haletant d’une fiction romanesque.
L'histoire se déroule entre 1310 et 1314. Si le royaume de France est encore le plus puissant de la chrétienté, les équilibres féodaux ont basculé. Le clergé tente donc de mettre au pas tous ceux qui échappent à son autorité et le statut des béguines va être condamné. Pour des centaines de femmes seules, pieuses mais laïques, cette institution offrait une alternative au mariage et au cloître. Ne subsisteront que quelques rares survivances dans les Flandres.
Aline Kiner, née en Moselle et passionnée de Moyen Âge, fait de cette aventure un passionnant suspense.
La dernière béguine est morte en 2013 à Courtrai.
"L'ile des oubliés"
L’été s’achève à Plaka, un village sur la côte nord de la Crète. Alexis, une jeune Anglaise diplômée d’archéologie, a choisi de s’y rendre parce que c’est là que sa mère est née et a vécu jusqu’à ses dix-huit ans. Une terrible découverte attend Alexis qui ignore tout de l’histoire de sa famille : de 1903 à 1957, Spinalonga, l’île qui fait face à Plaka et ressemble tant à un animal alangui allongé sur le dos, était une colonie de lépreux... et son arrière-grand-mère y aurait péri.
Quels mystères effrayants recèle cette île que surplombent les ruines d’une forteresse vénitienne ? Pourquoi, Sophia, la mère d'Alexis, a-t-elle si violemment rompu avec son passé ? La jeune femme est bien décidée à lever le voile sur la déchirante destinée de ses aïeules et sur leurs sombres secrets...
Bouleversant plaidoyer contre l'exclusion, L'Île des oubliés, traduit dans vingt-cinq pays et vendu à plus de deux millions d'exemplaires, a conquis le monde entier.
"L'île des bienheureux"
Tout commence dans un petit village divisé par la guerre, à la frontière gréco-albanaise. Yaya Maria, grand-mère et entremetteuse patentée, décide de marier sa petite-fille, Eleni, avec son cousin, Lefti, pour assurer la pérennité de sa famille. Mais ces derniers ne souhaitent qu'une chose : la première, faire sa propre révolution, le second, qu'on le laisse tranquille. Cependant, parce qu'elle a eu la mauvaise idée d'insulter le chef de la police locale, Eleni se trouve face à deux options : épouser Lefti et rentrer dans le droit chemin ou séjourner en prison pour une période indéterminée. Si les deux cousins sentent que Yaya Maria s'est trompée dans ses prédictions, ils ignorent en revanche que leur famille sera ainsi condamnée au malheur pour plusieurs générations.
Endiablé, drôle et tendre, un roman qui parle de nostalgie, de renouveau et du grand amour – que l'on ne rencontre pas qu'une fois.
Mémoire de la douceur qui vient
En 1915, le premier génocide du XX° siècle perpétré par le gouvernement Jeune Turc inaugurait la création de la Turquie moderne sur le meurtre d'un million cinq cent mille Arméniens. Près d'un siècle plus tard, que reste-t-il, pour les survivants, de cette mémoire génocidaire ? A partir d'anecdotes de la vie quotidienne - une bague, un cartable, des vacances dans le Haut-Var, un accident vasculaire cérébral, une carte postale, un enterrement. . . -, quatre générations d'une même famille dialoguent, en écho, de la propagation de cette irradiation fondatrice qui trouve son origine dans l'escamotage des corps niés du génocide. La vie quotidienne nous parle en creux de notre fidélité à l'ordre perverti que nous entretenons avec la vie et la mort, la transmission, la filiation, le deuil, la séparation.
Parce qu'ils sont arméniens
Avril 2015 marquera le centenaire du génocide arménien. Une page noire de l’Histoire turque, toujours controversée, toujours taboue. Quel regard peut porter sur cette communauté et sur cet épisode une Turque née dans les années 70 ?
Pinar Selek répond avec ce récit personnel et engagé, tissé de ses souvenirs, observations et rencontres. Avec elle, nous apprenons de l’intérieur ce que signifie se construire en récitant à l’école des slogans proclamant la supériorité nationale, en étudiant sur des manuels mensongers, en côtoyant des camarades craintifs et silencieux, en sillonnant une ville où les noms arméniens ont été effacés des enseignes, en militant dans des mouvements d’extrême gauche ayant intégré le déni.
Un témoignage sensible et polémique de la part d’une femme engagée dont la personnalité et les écrits continuent d’être marqués par la question arménienne.
Avec peut-être une priorité pour la Trilogie de Pan : « Colline » - « Un de Baumugnes » - « Regain » mais « Les Ames Fortes » et « Le Hussard sur le toit » adaptés au cinéma peuvent aussi vous rappeler de bons souvenirs…..difficile de faire un choix parmi tous ces romans que vous avez certainement lus.
Une jeune femme rejoint son amant à Istanbul . Alors que la ville se défait au rythme de ses contradictions et de la violence de l’État, d’aucuns luttent encore pour leur liberté. Elle-même découvre au fil de ses errances l’histoire du journaliste arménien de Turquie Hrant Dink, assassiné pour avoir défendu un idéal de liberté.
Deux autobiographies :
« Une vie » de Simone Veil ou le destin d’une femme exceptionnelle . Elle raconte….. depuis son enfance heureuse à Nice, l’enfer des camps de concentration où disparurent les membres de sa famille , sa volonté de surmonter ses chagrins,sa carrière de magistrate, ses combats politiques. Vous découvrirez une femme libre dont les convictions sont dignes de la plus grande admiration.
« Passagère du silence » de Fabienne Verdier
Dix ans d’initiation en Chine
Autre parcours de vie ! Celui de cette étudiante aux Beaux Arts de Toulouse dans les années 1980 qui décide de tout quitter pour aller chercher seule au fond de la Chine communiste les secrets oubliés de l’art antique chinois. Dans un oubli total de l’occident, elle devient l’élève de très grands artistes qui l’initient à la calligraphie et à la fabrication des sceaux.
Journal d’Irlande de Benoîte Groult
Le dernier projet d’écrivaine de Benoîte Groult était de publier son « Journal d’Irlande ». Elle avait l’intention d’entrecroiser ses « Carnets de pêche » en Irlande où elle avait passé plus de vingt étés avec son mari Paul Guimard, et les passages de son Journal intime tenu conjointement. Elle avait commencé ce travail d’orfèvrerie littéraire, que la maladie et la mort l’ont empêchée de mener à son terme…..
Auprès de moi toujours de Kazuo Ishiguro
Kath, Ruth et Tommy ont été élèves à Hailsham dans les années quatre-vingt-dix; une école idyllique, nichée dans la campagne anglaise, où les enfants étaient protégés du monde extérieur et élevés dans l'idée qu'ils étaient des êtres à part, que leur bien-être personnel était essentiel, non seulement pour eux-mêmes, mais pour la société dans laquelle ils entreraient un jour. Mais pour quelles raisons les avait-on réunis là ? …
Les bijoux bleus de Katharina Winkler
S'appuyant sur des faits réels, ce roman bouleversant raconte le destin de Filiz, une jeune Kurde vivant dans un village reculé de Turquie. Mariée à 12 ans et mère à 13 ans, elle va vivre terrorisée sous la coupe d'un homme violent qui pense qu'une femme bien tenue par son mari doit toujours être ornée de "bijoux bleus" ...
Les petites chaises rouges d’Edna O’ Brien
Dès qu’il franchit le seuil de l’unique pub ouvert dans ce trou perdu d’Irlande, l’étranger suscite la fascination. Vladimir Dragan est originaire du Monténégro. Il entend s’établir comme guérisseur. On lui trouve un logement, un cabinet médical, et sa première cliente, une des quatre nonnes du lieu, sort de sa séance totalement régénérée. Rien d’étonnant à ce que Fidelma, très belle et mariée à un homme bien plus âgé qu’elle, tombe sous le charme….
Les Singuliers d’Anne Percin
Dans les années 1888-90, un jeune peintre belge, Hugo Boch, en rupture avec ses origines bourgeoises, s'installe à Pont-Aven et y fait la rencontre de nombreux artistes, dont Gauguin. Ce dernier l'introduit dans l'avant-garde, dont Van Gogh est le maître scandaleux.
Mêlant des personnages historiques et fictifs, ce roman épistolaire nous plonge de façon très vivante dans l'époque, par le biais de nombreux destins d'artistes…..
Vers la beauté de David Foenkinos
Antoine Duris est professeur aux Beaux-Arts de Lyon. Du jour au lendemain, il décide de tout quitter pour devenir gardien de salle au Musée d'Orsay. Mathilde Mattel, DRH du Musée, est rapidement frappée par la personnalité de cet homme taciturne, mystérieux, spécialiste de Modigliani, qui a choisi de s'effacer dans une fonction qui ne correspond pas à ses compétences reconnues. Antoine est affecté à la salle des Modigliani, et Mathilde le surprend parfois à parler à...
Lorraine, hiver 1918-1919. Dans un village en ruines à quelques kilomètres du front, une communauté de rescapés s'organise pour que la vie continue.
Louise, seize ans, est recueillie au 1, rue des Petits-Pas par une sage-femme qui va lui transmettre son savoir : accoucher, bien sûr, mais aussi lire et écrire, soigner les maux courants et, enfin, être l'oreille attentive de toutes les confidences. Mais dans ce village ravagé par la guerre et isolé du monde, les légendes nourrissent les peurs, et la haine tient les hommes debout
Chaque matin, dans le café où elle prend son petit déjeuner, l'éditrice madrilène María Dolz observe un couple qui, par sa complicité et sa gaieté, irradie d'un tel bonheur qu'elle attend avec impatience, jour après jour, le moment d'assister en secret à ce spectacle rare et réconfortant.
Or, l'été passe et, à la rentrée suivante, le couple n'est plus là. María apprend alors qu'un malheur est arrivé.
Nicolas, une quarantaine d'années, est compositeur de musique. Un jour, sa femme Mathilde apprend qu'elle est atteinte d'un grave cancer du sein qui nécessite une intense chimiothérapie.
Alors que Nicolas s'apprête à laisser son travail en plan pour s'occuper d'elle, Mathilde l'exhorte à terminer la symphonie qu'il a commencée. Elle lui dit qu'elle a besoin d'inscrire ses forces dans un combat conjoint?..
Jeanne a tout pour connaître un bonheur tranquille : deux filles étudiantes, un mari attentionné, une amie fidèle, un boulot stable. Passionnée par Marina Abramovic, l'artisteperformeuse célèbre pour avoir, dans son travail, mis en jeu son existence, Jeanne n'aime pas moins les surprises, l'inattendu. Cet été-là, le hasard se glisse - et elle-même l'invite - dans son quotidien ...
A travers la figure lumineuse de Jeanne et la constellation de personnages qui l'accompagnent et la poussent vers un accomplissement serein, Claudie Gallay compose un roman chaleureux et tendre sur la force libératrice de l'art, sur son pouvoir apaisant et révélateur. Et sur la beauté de l'imprévisible.
Ma Part d'ombre est le récit d'une double enquête que mène Ellroy sur l'assassinat de sa mère, tuée le 22 juin 1958, et sur sa propre vie d'enfant orphelin, d'adolescent perturbé et d'écrivain hanté. Voyage à travers ses souvenirs les plus secrets, ce livre est aussi un reportage sur le crime en Amérique, et en particulier les meurtres de femmes, d'autant plus saisissant qu'Ellroy a travaillé aux côtés d'un policier de la brigade criminelle de Los Angeles, Bill Stoner, qui a tissé des liens de plus en plus forts avec l'auteur au fil des mois.
" Ma Part d'ombre, infinie catharsis autant que cri d'amour. " (Antoine de Gaudemar, Libération)
" La matière est brûlante : chauffée à blanc par l'urgence du rythme, les saccades de la prose, l'avidité voyeuriste du regard, l'accumulation compulsive et la précision des détails. " (Michel Abescat, Le Monde)
En 1922, une équipe de tournage débarque à Nahbès, petite ville du Maghreb. Cette intrusion hollywoodienne, synonyme de modernité et de de liberté, bouleverse le quotidien des habitants et avive les tensions entre les notables traditionnels, les colons français et les jeunes nationalistes. De la collusion entre ces mondes et ces cultures naissent des destins et des histoires d'amour.
Un "prologue" au roman d'Alice Zeniter « L' art de perdre »
Salvatore Roncone, vieux paysan calabrais attaché à sa terre et à ses traditions, doit se rendre à l'évidence. Pour combattre cette bête qu'il nomme la "Rusca" et que les médecins appellent le cancer, qui lui dévore peu à peu le ventre et le tue, il doit quitter son village natal et partir en convalescence chez son fils à Milan. Milan que le Calabrais déteste, Milan et sa fureur, sa solitude, sa laideur aussi et sa vie sans goûts ni odeurs. Milan et son fils, qu'il croit ne plus connaître et sa belle-fille qui ne vient pas du même monde. Milan ou l'enfer. Cet enfer qui va pourtant lui offrir son dernier amour - un amour franc et total, plus fort que tout - en la personne de son petit-fils Bruno qu'il ne connaît pas...
Sur le parking d'un supermarché, dans une petite ville de province, une femme se démaquille méticuleusement, tristement. Enlever sa perruque, sa robe de soie, rouler ses bas sur ses chevilles : ses gestes ressemblent à un arrachement. Bientôt, celle qui, à peine une heure auparavant, volait quelques instants de joie et dansait à corps perdu sera devenue méconnaissable. Laurent, en tenue de sport, a remis de l'ordre dans sa voiture et dissimulé dans le coffre la mallette contenant ses habits de fête. Il s'apprête à retrouver femme et enfants pour le dîner. Petit garçon, Laurent passait des heures enfermé dans la penderie de sa mère, détestait l'atmosphère virile et la puanteur des vestiaires après les matchs de foot. Puis il a grandi, a rencontré Solange au lycée, il y a vingt ans déjà. Leur complicité a été immédiate, ils se sont mariés, Thomas et Claire sont nés, ils se sont endettés pour acheter leur maison. Solange prenait les initiatives, Laurent les accueillait avec sérénité. Jusqu'à ce que surviennent d'insupportables douleurs, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus réfréner ses envies incontrôlables de toucher de la soie, et que la femme en lui se manifeste impérieusement. De tout cela, il n'a rien dit à Solange. Sa vie va basculer quand, à la faveur de trois jours solitaires'..
Lorsque Jens le Postier arrive au village, il est accueilli par Helga et le gamin qui le détachent de sa monture avec laquelle il ne forme plus qu'un énorme glaçon. Sa prochaine tournée doit le mener vers les dangereux fjords du Nord. Il ne pourra pas les affronter sans l'assistance d'un habitué des sorties en mer.
Le gamin, lui, découvre la poésie et prend peu à peu conscience de ses désirs. Il ira «là où l'Islande prend fin pour laisser place à l'éternel hiver», y accompagner Jens dans son périple. Malgré leurs différences, ils n'ont d'autre choix que de se raccrocher l'un à l'autre, face à l'impitoyable nature.
Au milieu des tempêtes enneigées islandaises, Jón Kalman Stefánsson fait naître une stupéfiante chaleur érotique. Mariant douceur et extrême, il restitue cette intense lumière qui « nous nourrit autant qu'elle nous torture ».
Le narrateur raconte son enfance en Russie, en Pologne puis à Nice, le luxe et la pauvreté qu'il a connus tour à tour, son dur apprentissage d'aviateur, ses aventures de guerre en France, en Angleterre, en Éthiopie, en Syrie, en Afrique Équatoriale, il nous raconte surtout le grand amour que fut sa vie. Cette « promesse de l'aube » que l'auteur a choisie pour titre est une promesse dans les deux sens du mot : promesse que fait la vie au narrateur à travers une mère passionnée ?.
Empire du Japon, époque Heian, XIIe siècle. Être le meilleur pêcheur de carpes, fournisseur des étangs sacrés de la cité impériale, n'empêche pas Katsuro de se noyer. C'est alors à sa jeune veuve, Miyuki, de le remplacer pour porter jusqu'à la capitale les carpes arrachées aux remous de la rivière Kusagawa. Chaussée de sandales de paille, courbée sous la palanche à laquelle sont suspendus ses viviers à poissons, riche seulement de quelques poignées de riz, Miyuki entreprend un périple de plusieurs centaines de kilomètres à travers forêts et montagnes??
Les chaussures italiennes
A soixante-six ans, Fredrik Welin vit reclus depuis une décennie sur une île de la Baltique avec pour seule compagnie un chat et un chien et pour seules visites celles du facteur de l'archipel. Depuis qu'une tragique erreur a brisé sa carrière de chirurgien, il s'est isolé des hommes. Pour se prouver qu'il est encore en vie, il creuse un trou dans la glace et s'y immerge chaque matin. Au solstice d'hiver, cette routine est interrompue par l'intrusion d'Harriet, la femme qu'il a aimée et abandonnée quarante ans plus tôt. Fredrik ne le sait pas encore, mais sa vie vient juste de recommencer.
Les bottes suédoises
Après avoir quitté Fredrik Welin, le chirurgien orthopédiste du roman Les chaussures italiennes alors âgé de soixante-six ans, c'est avec curiosité que je le retrouve quatre années plus tard. On peut dire que nos retrouvailles sont chaudes, brûlantes, c'est la nuit, il se réveille dans l'incendie de sa maison. Ouf ! il a pu sortir indemne chaussé de deux bottes gauches, un imper endossé sur sa veste de pyjama et un pantalon. Tout le voisinage accourt, chacun à bord de son bateau, la chaîne de solidarité se matérialise pour essayer d'éteindre l'incendie mais ce sera peine perdue. Heureusement...
Paru à Beyrouth en 1973, soit deux ans avant le déclenchement de la guerre civile, ce roman ambitieux et prémonitoire a marqué un tournant dans l'histoire de la littérature libanaise. Il restitue en effet, avec une étonnante précision et dans un style incisif, l'ambiance de la fin des années 1960 : radicalisation des luttes politiques, sociales et idéologiques, irruption des fédayins palestiniens sur la scène libanaise, libéralisation des moeurs, contestation de plus en plus large du système confessionnel, notamment par la jeunesse.
Les deux principaux personnages du roman, Tamima et Hani, font partie des étudiants les plus lucides, et leur engagement commun va rapidement les rapprocher malgré leur appartenance à des communautés religieuses différentes, lui étant chrétien, et elle musulmane chiite. Tous les deux d'origine paysanne, ils doivent aussi, chacun de son côté, faire face aux préjugés du milieu familial, aux coutumes villageoises ancestrales, aux difficultés d'intégration dans la société urbaine. S'ils y parviennent un moment, réconfortés par l'enthousiasme ambiant, leur propre destin bascule lorsque le frère de Tamima, un voyou sans foi ni loi, tente d'assassiner sa soeur pour « laver l'honneur de la famille »...
L'imposteur de Javier Cercas
L'Imposteur est une remarquable réflexion sur le héros, sur l'histoire récente de l'Espagne et son amnésie collective, sur le business de la « mémoire historique », sur le mensonge (forcément répréhensible, parfois nécessaire, voire salutaire ?), sur la fonction de la littérature et son inhérent narcissisme, sur la fiction qui sauve et la réalité qui tue.
Les délices de Tokyo de Durian Sukegawa
Magnifiquement adapté à l'écran par la cinéaste Naomi Kawase, primée à Cannes, le roman de Durian Sukegawa est une ode à la cuisine et à la vie. Poignant, poétique, sensuel : un régal.